Histoire des relations avec l'autorité romaine

Publié le par Les amis de la FSSPX

  Les débuts

En 1970, Mgr Marcel Lefebvre fonde à Écône (Suisse) la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X à la demande de plusieurs séminaristes français. Les buts de cette fraternité sacerdotale sont « le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne ». Avec l'autorisation de Paul VI, l'institution est érigée canoniquement par Mgr Charrière, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en tant que « pieuse union » pour une durée de trois ans ad experimentum renouvelables. De son côté, l'évêque de Sion l'autorise à fonder un séminaire à Écône.

Par la suite, Mgr Lefebvre continue de stigmatiser, plus ou moins violemment, la politique d'ouverture post-conciliaire, attaquant en particulier le dialogue inter-religieux auquel s'essaie l'Église catholique. Le 21 novembre 1974, il publie un manifeste résumant ses positions :

« Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. (…) Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l'Église depuis dix-neuf siècles. (…) Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d'adopter cette Réforme et de s'y soumettre de quelque manière que ce soit. (…) C'est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l'étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la Sainte Église catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures. »[7]

En conséquence, au printemps 1975, l'évêque de Fribourg retire son autorisation à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X[8]. Malgré cela Mgr Lefebvre décide de continuer son action de formation de prêtres, et en juin 1976, il ordonne treize prêtres sans lettres dimissoires[9].

Le 22 juillet 1976, Paul VI frappe Marcel Lefebvre d'une suspense a divinis[10] pour son opposition au Concile Vatican II et son opposition aux réformes qui s'y rattachent[11] et la Fraternité est dissoute. En réponse, dans une interview au Figaro, Mgr Lefebvre décrit Vatican II comme « un concile schismatique » [12]». Et le 29 août, Mgr Lefebvre célèbre la « messe de Lille »[13].

Après cette première fêlure dans l'union avec Rome, Mgr Lefebvre et la Fraternité Saint-Pie X choisissent de continuer leur action en formant des prêtres, ouvrant des lieux de culte (appelés « prieurés ») dans tout le monde chrétien avec la volonté de « maintenir et perpétuer le sacrifice glorieux et expiatoire du Christ dans l'Église »[14]. Peu à peu, la fraternité se dote d'une structure hiérarchique distincte et séparée de l'Église romaine, dans le but de « maintenir la Sainte Église catholique et romaine, vouloir la continuer et la continuer par le Sacerdoce[15] ». Le 3 octobre 1984, Rome publie la lettre Quattuor abhinc annos[16] libéralisant sous certaines conditions la célébration du rite tridentin, sous la juridiction des évêques. La FSSPX, tout en se réjouissant de ce premier pas, reste très méfiante envers la hiérarchie diocésaine et demande une libéralisation générale des livres de 1962 ainsi qu'un statut juridique directement soumis au pape[17].

Mgr Lefebvre critique sévèrement la visite d'une synagogue par Jean-Paul II, ou les rencontres inter-religieuses d'Assise en 1986. À l'occasion de cette rencontre, donnant lieu à des prières pour la paix mondiale, tous les représentants religieux présents avaient prié chacun leur Dieu. Pour la tradition catholique, cela peut sembler dire que « toutes les religions se valent », ce qui fut toujours condamné par l'Église catholique[18]. Mgr Lefebvre affirme alors, lors d'une conférence spirituelle à Écône, que le pape est inspiré par le diable et les francs-maçons.


La rupture 

Les rapports sont maintenus avec Rome, et une tentative de normalisation de la situation de la FSSPX a lieu le 5 mai 1988, par la signature d'un accord entre le cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre. Cet accord[19] reconnaissait le principe de l'ordination d'un évêque, le maintien de « la discipline spéciale concédée à la Fraternité par une loi particulière ». Mais le lendemain, 6 mai, Mgr Lefebvre revient sur sa signature[20].

Se sentant vieillir, et voulant garantir la pérennité de son œuvre, Mgr Lefebvre décide de procéder à des sacres d'évêques, même sans l'accord de Rome. Ce qu'il fait, malgré les mises en garde canoniques[21],le 30 juin 1988. Mgr Lefebvre, assisté de Mgr Antonio de Castro-Mayer, évêque émérite de Campos, sacre quatre évêques, Alfonso de Galarreta, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais et Richard Williamson.

Ce sacre d'évêques malgré l'interdiction de Rome relève de l'excommunication latæ sententiæ : l'individu s'excommunie lui-même, du simple fait de son acte, mais l'excommunication doit faire l'objet d'une déclaration publique. C'est ce que fait le cardinal Gantin, le 1er juillet 1988 par le décret Dominus Marcellus Lefebvre : il avertit toute personne de bonne volonté que Mgr Lefebvre a « posé un acte schismatique » en citant les canons 1364-1 et 1382 du Code de droit canonique

« L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latæ sententiæ. » « L'Évêque qui, sans mandat pontifical, consacre quelqu'un Évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet Évêque encourent l'excommunication latæ sententiæ réservée au Siège Apostolique. »[4]

Il déclare donc excommuniés Mgr Lefebvre lui-même, Mgr de Castro-Mayer, évêque co-consécrateur, et les quatre nouveaux évêques. Le 2 juillet 1988 par le motu proprio Ecclesia Dei[22], Jean-Paul II rappelle aux fidèles que nul ne doit ignorer que « l'adhésion formelle au schisme constitue une grave offense à Dieu et comporte l'excommunication prévue par le droit de l'Église ».

Publié dans Définitions

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